Freinet sur le Web ! : Education Populaire, Pédagogies Nouvelles et Usages du Web Social pour l’émancipation des êtres

 

celestin-freinet

Si Célestin Freinet était vivant en 2013, nul doute qu’il aurait expérimenté le web social en classe avec ses élèves.
Bien sûr, ce n’est pas l’avis de tous. J’ai eu l’occasion, alors que je travaillais sur un projet  d’analyse et de préconisations concernant les usages du numérique dans la relation d’aide chez des éducateurs de rue (cf-Le Projet Prev’entic), d’échanger avec une équipe pédagogique d’une « école Freinet »
Ces derniers m’ont soutenu mordicus que le web c’était le mal incarné, et que leur rôle de pédagogues était de bien veiller à ce que leurs chères têtes blondes s’en désintoxique rapidement.
Ce à quoi je me suis permis de leur répondre que leur père spirituel Célestin Freinet n’aurait pas été d’accord avec eux, prônant d’utiliser l’environnement et le système autour de l’élève pour mieux rentrer en communication et en pédagogie individualisée avec ce dernier.
Mais qui était Célestin Freinet ? Petit rappel :
Célestin Freinet était un instituteur ayant vécu au début du vingtième siècle (1896-1966) à Vence, dans les Alpes-Maritimes. Peu porté sur l’autoritarisme et la pédagogie classique, il expérimentera avec ses élèves le texte et le dessin libre, la correspondance interscolaire, l’imprimerie et le journal scolaire. Autant d’outils pédagogiques qui seront ensuite repris par l’éducation nationale, l’éducation populaire et l’éducation spécialisée avec un succès non démenti. Freinet concevait l’éducation comme un moyen de progrès et d’émancipation politique et citoyenne pour ses elèves.
Interné durant la guerre, ayant protégé des élèves juifs allemands fuyant le nazisme, il restera un éternel rebelle, oeuvrant pour la liberté et l’émancipation.
Sa pédagogie est ainsi résumée sur Wikipédia : « Sa pédagogie, qui entend faire de la classe un atelier, est incarnée dans ses dialogues par le personnage du « père Mathieu », dont « M. Long », instituteur très marqué par la IIIe République, aux idées modernistes un peu courtes, constitue l’antithèse. Elle insiste, comme celle de Dewey, sur le rôle du travail et de la coopération dans l’apprentissage, ainsi que sur l’insertion de l’école dans la vie locale, y compris politique (d’où des relations houleuses avec le maire).

Freinet ne s’est pas contenté de rattacher l’activité des élèves à la responsabilité et à la production intégrale d’un journal, impression comprise : il a théorisé également le « tâtonnement expérimental ». Il assimile l’autorité du maître à une violence. En effet, quand le travail de l’écolier est correctement organisé, il passionne l’élève et il n’est plus besoin d’autorité ni de discipline. Cette pédagogie est d’inspiration socialiste, mais aussi volontiers naturaliste et anti-intellectualiste (d’où le personnage du « Père Mathieu », berger de son état, qui représente la nature et le bon sens, l’équilibre avec le monde et ses « invariants »). L’intellectuel est décrit par Freinet comme une grosse tête, munie de bras atrophiés, une sorte de monstre. Qui voudrait que ses enfants lui ressemblent ? L’éducation traditionnelle exagère le rôle des connaissances et des performances intellectuelles. On peut la comparer à l’industrie, par opposition à la nature et à l’artisanat. L’enfant est une « plante », qu’il faut aider à se développer harmonieusement, en respectant certains « invariants » de la pédagogie.Mais Freinet a critiqué également la pédagogie du jeu, comme d’ailleurs le philosophe Alain. C’est parce que l’enfant est dépouillé de responsabilités réelles que son activité se réfugie dans le jeu. L’éducateur, en le responsabilisant et en le considérant comme un adulte, l’aidera à grandir de façon naturelle. Contrairement à la plupart des autres pédagogues, Freinet considère que l’enfant et l’adulte ont pour l’essentiel la même nature. Il voit même là le premier « invariant » pédagogique.Freinet distingue cependant le « jeu-haschich » du « jeu-travail », moins critiquable, et enfin du « travail-jeu », c’est-à-dire du travail non aliéné, en accord avec la spontanéité de l’enfant, dans les phases de répétition du « tâtonnement expérimental ». Il faut rattacher cela à sa conception volontiers vitaliste de l’enfant, comme énergie ascendante de la vie. « Les aigles ne prennent pas l’escalier ».Freinet emprunte l’idée de coopération à Barthélemy Profit. Malgré des divergences entre eux, quant à la portée à donner aux coopératives scolaires, l’amitié entre Freinet et Profit, amorcée vers 1925, durera toute leur vie »

Coopération dans l’apprentissage : si je reviens dans notre présent pour oser un parallèle, je vais tout de suite penser aux outils collaboratifs du Web, et
notamment les plate-formes ouvertes à distance et connectées que sont les Mooc connectivistes, utilisant les médias sociaux comme autant  d’outils permettant à tous, de manière gratuite et ouverte, d’apprendre les uns des autres.
En vérité, tout le web 2.0 (ou Web Social) est basé sur cette idée de la collaboration, du partage d’informations. Le « tatônement expérimental » de freiner nous renvoie aux bidouillages permanents que nous effectuons, nous pédagogues, avec le web pour mieux répondre aux besoins de nos élèves.
Lorsque Laurence Juin (blog maonziemeanneeetlessuivantes), prof à la rochelle, utilise Twitter ou Google Drive en classe, elle fait la même chose que le père freinet : partir de son époque, de l’environnement immédiats des élèves, pour aller à leur rencontre en prenant en compte leur corpus culturel.
On parle beaucoup de générations connectées ou de Digital Natives, d’enfants et d’adolescents nés avec les outils numériques et communiquant via les réseaux sociaux. Pourtant, beaucoup de résistance encore aujourd’hui s’oppose à ceux qui essaient d’aller vers les jeunes en prenant pour base de travail les outils communicationnels et d’échanges de savoirs qu’ils utilisent tous les jours (Facebook, Twitter, Wikipédia, Google Drive)

Lorsqu’on reprend la définition de la pédagogie nouvelle que Célestin Freinet a contribué à créer : « L’Éducation nouvelle est un courant pédagogique qui défend le principe d’une participation active des individus à leur propre formation. Elle déclare que l’apprentissage, avant d’être une accumulation de connaissances, doit être un facteur de progrès global de la personne. Pour cela, il faut partir de ses centres d’intérêt et s’efforcer de susciter l’esprit d’exploration et de coopération : c’est le principe des méthodes actives. Elle prône une éducation globale, accordant une importance égale aux différents domaines éducatifs : intellectuels et artistiques, mais également physiques, manuels et sociaux. L’apprentissage de la vie sociale est considéré comme essentiel. »

N’est-ce pas le même esprit qui anime les pédagogues et les éducateurs numériques, dans l’éducation nationale ou l’éducation populaire ou spécialisée, lorsqu’ils utilisent une approche centrée sur les besoins réels de la personne (cf Rogers) en individualisant les contenus et en lui proposant d’être acteur de son propre parcours. Ce qui nous amène bien sûr aux pédagogies dites inversées, telles que prônées à la Khan Academy américaine, créatrice des premiers Moocs. « la méthode de l’apprentissage inversé (« flipped learning ») popularisée par Jonathan Bergmann et Aaron Sams (Woodland Park High School, Colorado), qui « consiste à faire travailler les leçons, la théorie, aux élèves à la maison, et faire les « devoirs », c’est-à-dire l’application de la théorie, en classe ». Cette approche a été également reprise en mars 2011 par Salman Khan (fondateur de la Khan Academy) lui-même lors d’une conférence TED où il propose d’utiliser ses vidéos éducatives pour « inverser les classes ».(http://eduscol.education.fr/numerique/actualites/veille-education-numerique/septembre-2013/khan-academy-et-pedagogie-inversee) 
Cette méthode de travail aurait pu être une proposition de Freinet, si ce dernier avait vécu aujourd’hui. Les vidéos éducatives de TED, que l’apprenant consulte chez lui pour bâtir son propre savoir, et qui sont la base de Mooc universitaires, ont pour objet de laisser chacun apprendre selon son rythme, ses horaires et ses disponibilités, sont une prolongation d’une pédagogie ouverte et libre.
A une époque où les enseignants constatent une faillite de la pédagogie « verticale » où le « maître » instruit « l’élève », peut être peut on prendre en considération la parole de l’apprenant, et, au delà du collaboratif de Freinet et de l’éducation inversée de Bergamann et Sams, faire des apprenants des enseignants par moment, comme l’on peut supposer que l’enseignant souhaite apprendre de l’élève. Cette co-construction des savoirs trouve une matérialisation technique avec les outils web, notamment sociaux, au travers des expérimentations en classe et des Mooc. Les pédagogues expérimentant le web social comme média d’enseignement sont souvent agréablement surpris du degré d’engagement de leurs apprenants, qui finissent par diffuser eux-mêmes du savoir.
Reprenons l’exemple de ces profs, comme Laurence Juin ou jean-Michel Le Baut sur Brest, qui utilisent les blogs et Twitter avec leurs élèves : n’ont ils pas eu la satisfaction de recevoir des tweets d’élèves leur suggérant des liens vers des sites web comportant une information complétant le cours du jour. Et  cela sur une population d’élèves d’abord perçus comme démotivés (par exemple des elèves de lycée technique dans le cadre d’une matière d’enseignement général).
En 2010, lorsque j’ai travaillé avec une équipe d’éducateurs spécialisés en prévention spécialisée (éducateurs de rue) à Rennes, le constat de départ était intéressant : « nous perdons le contact avec les jeunes, de moins en moins présents sur l’espace public. Noius n’avons pas de mandat, et le principe de libre adhésion nous réduit à faire avec les jeunes qui sont d’accord pour nous rencontrer. »
La question en découlant devint : comment faire avec des jeunes ayant des besoins d’accompagnement mais ne décollant plus de leurs écrans à domicile ?
Partant du principe que le web est un espace public, je leur avais proposé un va et vient entre réalité et virtualité, au travers de l’experimentation de communications sur les outils web sociaux avec ces jeunes connectés.
Le projet « Prev’entic » était né : aller là où se regroupent étant la base de travail des éducateurs de rue, il me semblait logique qu’ils aillent retrouver ces jeunes sur leurs lieux de regroupement en ligne.
Les freins ont été culturels (le web est perçu comme dangereux par beaucoup de travailleurs sociaux) et institutionnels (laisser les éducateurs utiliser cet immense canal qu’est le web est souvent perçu comme une perte de contrôle pour les organisations, et un risque potentiel de dérive.
Or, si le risque existe en ligne, n’existe t’il pas dans la vraie vie ? Et ne doit-on pas faire avec ?
Doit-on tellement SE protéger qu’on en oublie la protection de l’enfance ? Quelle différence entre l’éducateur des années 80 jouant au baby foot avec des jeunes au PMU du quartier et celui d’aujourd’hui qui discute et partage de l’info ou joue sur le web avec des jeunes ?
Pour moi ? Aucune ! A partir du moment ou l’on s’est défait du système de croyance qui voudrait que sur le web, tout est pire, tout est effrayant, et que c’est Internet qui rend la société folle.
Internet n’est qu’un miroir : c’est le chaos social et économique qui détruit le lien social, provoque de la folie et de la violence. C’est l’individualisme du « tout profit » qui tue les relations sociales, pas Facebook.

Mon prochain article évoquera les travaux de Maria Montessori et les liens qu’on peut faire avec certaines pratiques du web…

Pierre AVRIL

 

Mooc & Social : Utopie ? par Adeline Wall-Avril

BADEGE CIVILISETHIC

Les MOOC et le social: un impossible appareillage ou le radeau de la méduse? Soit un assemblage mal bricolé qui arrive à mener à terre quelques individus que le titanic et ses grands effets avait condamné à l’errance en tant que spectres glaçés.

La société qui est le théâtre de nos existences est tantôt qualifiée de société de l’information, de la consommation et autres choses en -tion. Consommation et Information sont intrinsèquement liées il faut dire et peut-être le mur invisible qui nuit à notre désir d’affranchissement. L’information est la question de la survie dans la nature où elle peut parfois prendre le nom de stimulus, elle est la vie même mais peut se trouver corrompue comme parfois nos cellules hélas, se mettent à délirer et combattre leur hote bienveillant au lieu de lui garantir un vie longue et bien régulée, homéostasiquement acceptable à défaut d’être heureuse. L’information est aussi ce qui peut  se transformer en connaissance, voire finir par métabolisation en « compétences »,alors même que les identités professionnelles se brouillent. Il reste complètement vain d’affirmer ses intuitions dans une cadre d’expertise seul, d’un champ spécifique, alors même que la technologie se dilue et devient un ADN qui appartient à toutes professions. Qui sont aujourd’hui les « experts du numériques »? Tout un chacun pourrait l’être, au moins dans sa « partie », du fait d’une curiosité naturelle.
Ils sont « partout  » , ces experts, diront certains, d’autres les catégoriseront avec un certain nombre de critères. Pourtant, oui, les experts du numériques sont de partout. Pourquoi? Parce que tout professionnel est concerné, vit son « effort numérique » dans ses tripes, dans son corps, et la porosité entre la vie professionnelle et la vie personnelle étend la confusion entre les deux. De même qu’aujourd’hui il n’est plus grande monde qui ne soit pas un brin écologiste car l’environnement est devenu l’affaire de tous, il en va de même pour le numérique. Je ne m’étendrai pas sur cette métaphore qui n’est qu’instrumentale et non modélisante.
Particulièrement mobilisée sur la question des MOOC en tant qu’ingénieur de formation préoccupée d’innovation sociale, j’en ai suivi 13 sans compter ceux qui sont en cours  , afin de poursuivre en français l’observation participante que j’ai mené en anglais. Je suis bien évidemment particulièrement intéressée par les vases communicants que me semblent être l’open éducation et l’éducation populaire. Paolo Freire, Piaget, Dewey et tant d’autres sont les parents de ces familles que l’on peut aussi ramener à Deleuze, Guattari, Lyotard (voire la pensée Rhizomatique développée en tant que théorie d’apprentissage par Cormier). L’open education a en commun des enthousiasme anti-élististes proche de l’éducation spécialisée et populaire. Le droit à tous de bénéficier de la meilleure éducation possible, au-delà même du véhicule « numérique » des MOOC, l’open course ware est né d’un envie de casser les règle, de transformer les apprenants en experts et les éducateurs en accoucheurs de potentiel et non en érudits pompeux. Mais pour se faire, la version numérique de ces belles dispositions doit à un moment ou un autre aller plus loin qu’une ouverture et une gratuité inconditionnelle (pas de prérequis) pour que les publics non touchés par les « révolutions universitaires » bénéficient de ces ambitions d’égalité et de connaissance pour tous dans tous les domaines. Pour cela, encore faut-il que les professionnels concernés par l’accompagnement des publics vulnérables se sentent concernés et acceptent de participer au mouvement. Anous,’convertis’, ‘utopistes’, de leur permettre de le faire sans qu’ils se sentent violentés.

Mon aventure MOOC fut plaisante mais il ressort de la « french touch » un je ne sais quoi élitiste qui sous les objectifs affichés d’amener internet à la hauteur de chacun, effarouche nombre de participants. Notamment le fait que l’éducation n’est pas uniquement l’affaire des professeurs mais aussi celle des formateurs et celle des éducateurs dits « spécialisés » et autres professionnels de l’éducation populaire, animateurs ou bénévoles. J’en ai croisé fort peu et cela m’inquiète. Mais ne m’étonne pas. Les échanges entre doctorants doivent leur sembler bien loin de ce qu’ils pensent devoir acquérir comme « niveau numérique » pour rejoindre leurs « jeunes » et « moins jeunes » sur le terrain.
Je le sais non pas parce que je les ai observés, ou que j’a lu des livres, mais parce que j’ai été moi même éducatrice « spécialisée », un jour. Après avoir été « un cas social », une « jeune de la mission locale », suspendue aux mamelles de la rémunération minimale, en contrat emploi solidarité,  j’ai décidé de voir ce que cela faisait, d’agir « de l’autre côté ». Cette transformation a réveillé en moi cette inextinguible soif de comprendre et cette habitude de vérifier les informations à la source de l’expérience, bien au delà du noyau dur des représentations, ce noyau dur qui bien souvent se nourrit du mépris, de la condescendance, de la paresse de ceux qui ont l’arrogance de n’avoir jamais besoin d’être « aidés ». C’est un peu comme avoir une double nationalité.
Tout professionnel de l’action éducative, de l’enseignement, de la communication en tant qu’évènement propre à donner une direction communautaire, sociétale, à l’ensemble des humains est concerné par le numérique. Non pas pour le célébrer et abdiquer devant sa ‘colonisation programmée’ mais pour l’utiliser à des fins humanistes. Ne laissons pas le web n’être que marchand. Les réticences premières de certains corps de métier ont sauté, ou bien ont été déligitimées par les institutions, l’économie, la réalité du terrain. Est-il encore raisonnable d’enseigner sans numérique à des générations qui savent en tirer des contenus formatifs, est-il encore raisonnable d’accompagner des personnes en recherche d’emploi en les privant de ces outils qui peuvent leur donner un plus? Est-il raisonnable de travailler dans l’éducation spécialisée sans exploiter les potentialités autonomisantes du numérique? Pas plus qu’il est raisonnable de continuer de construire des maisons de craie sur un terrain humide. Alors experts ou non, à chacun sa mesure, mais concernés par le numérique nous le sommes tous. Les travailleurs sociaux aussi.
Les spécialistes, eux, sont ceux qui forment les professionnels aux outils. Ceux qui ont pris du recul, analysé les pratiques, répondent aux demandes de formation ou négocient ces réponses de formation en fonction de leur connaissance des enjeux en présence. Cette posture, je l’ai eue sans autre légitimité que mon expérience de « vieille surfeuse » lorsque l’on m’a demandé dans mon dernier poste de former les professionnels aux outils du numérique. Je suis tombée des nues, pensant que je n’étais qu’une pratiquante ‘sans plus’ et je n’avais pas imaginé à quel point nombre de professionnels ayant  un poids sur des décisions ayant trait au numérique en savaient peu sur le sujet en dehors de quelques conférences bêtifiantes délivrées par des personnes à peine déniaisées elles-mêmes mais rompues à l’aspiration automatisée des contenus pré-existants sur le web, ainsi qu’au très valorisé exercice de synthèse qui consiste à ne rien expérimenter mais à résumer les écrits des autres et les traduire, puis les présenter avec de très jolis schémas colorés (voir « la pensée powerpoint »). Les « forts en bureautique » ont pu faire illusion un temps face à l’injonction « soyons pragmatiques et pratico-pratiques », soit « dites moi seulement comment j’ouvre un compte et ce que je peux y mettre ». Le sens, alors, était « affaire d’universitaires », tout curieux anglophone ayant le malheur de s’intéresser à la chose passant pour un infâme geek, ou un adolescent attardé, bref, décalé du temps des « gens normaux »…..
Les gens normaux sont ceux, par exemple, qui n’ont pas vu arriver les potentialités de facebook, google et autres. Ce ne sont pourtant pas des histoires de geek. Les gens normaux sont-ils ceux qui manquent d’imagination?Je n’y crois guère, j’en croise trop qui fourmilles d’idées. Bien sûr, l’alibi est « le temps ». Comme si du temps, nous n’en manquions pas tous!

Alors à nous, pairs mais early-adopters, devenus leurs formateurs, de leur montrer que le numérique ne les contraindra pas à abandonner leurs valeurs, celles de la confidentialité, de l’éthique, de la relation humaine, de l’aide. A nous de leur montrer que la distance parfois peut rapprocher, à nous de leur montrer qu’on maîtrise d’autant mieux un univers qu’on l’a visité soi-même et qu’on en a arpenté les rues. Je pense aux éducateurs spécialisés de la prév, avec qui j’ai travaillé, mais aussi ceux de l’AEMO et de l’ASE, ceux qui vivent au côté des jeunes ou des personnes sans abris, en CRS, je n’oublie pas les ESAT et les éducateurs techniques, les AVS, moniteurs etc….. Revenant sur la prévention et sa relation spécifique à ‘l’espace public’: Arpentant les rue, faisant de la présence sociale, cette action incomprise et pourtant aussi indispensable que viscérale dans la pratique du métier. Ils vont où se trouve le jeune, ils pénètrent sur son territoire, ils essaient de le comprendre dans sa complexité. Et la complexité des pratiques relationnelles, aujourd’hui, ne peut s’exonérer de connaître cet espace que certains disent public (à voir): le web, les réseaux sociaux, mais aussi les tiers-lieux, les outils de simulation, les drafquests, les MOOC, etc… De nombreux projets expérimentaux ont vu le jour, le plus souvent à contre-sens des réticences insitutionnelles ou d’une certaine culture de métier. Cela sera-t-il aussi difficile de faire comprendre la relation qu’il y a entre le connectivisme, l’open éducation et l’éducation populaire? Entre les MOOC et la distance rapprochée permise par le web?
Certains professionnels n’ont pas d’effort à faire. Leur curiosité les a guidé intuitivement vers les clés d’entrée et les connections entre ces deux mondes très proches que certains croient différents voire même antagonistes. Ce sont en général les professionnels qui pensent que les « usagers » détiennent parfois des clés et des solutions pour eux-mêmes. Ceux sont ceux qui s’intéressent aux usages des autres, ceux qui osent l’audace de douter et s’en servent comme une force.

En ingénierie de formation, la même affliction a produit des effets dommageables et coûteux pour les personnes qu’elles soient salariées ou formées et clientes, partenaires, comme pour les organisations concernées qui y ont perdu considérablement aussi. En crédit, en efficacité. Manque de vision, manque d’imagination. Auto-satisfaction. Il semble que la seule chose qui produise du changement et bouge les vieux os des organisations soit la magie des décisions politiques qui vont déterminer s’il y aura ou non des appels d’offres, bref, du pognon à gagner à développer de l’innovation. Et la folie des MOOC vite faits mal faits à la sueur du front des bénévoles, à l’économie, dans l’imitation et sans créativité autre que communicationnelle en est un bon exemple. La compétition entre les organisations est le seul moteur aujourd’hui pour générer de l’innovation au service des personnes et une fois de plus les principaux intéressés ne sont pas consultés alors même que ce changement issu de leurs usage est le fruit de leurs comportements.

Le propos de cet article, qui s’inscrit dans un dossier conçu à deux est de dissoudre l’ambiguité et les suspicions à la limite indue du politique que tout professionnel du social a pu à un moment donné ressentir vis à vis des actions éducatives utilisant le numérique. Nous sommes tous deux des anciens éducateurs, devenus « autre chose » mais restés profondément attachés au monde de la relation d’aide. Issus de pratiques différentes et d’institutions différentes. Nous sommes tous deux « passés de l’autre côté », chacun selon nos intuitions et chacun à travers des voies professionnelles différentes. Où l’un menait le projet préven’tif à la SEA, l’autre expérimentait le potentiel des MOOC pour comprendre en quoi ils peuvent devenir des environnements capacitants (Solveig Fernagu-Oudet). Rencontres, observations, lectures, nous ont amenés à mettre à jour des convergences et à en parler autour de nous, à partir de cette fenêtre là: l’accompagnement, la relation éducative, l’empowerment permis par les outils, la place de l’associatif, en tant que relais d’innovation sociale et garant des valeurs (voir l’équipement des EPN de quartier avec des 3D printers, pour que les quartiers bénéficient aussi de la « 3ème Révolution industrielle ») et maintenant, le phénomène MOOC, issu du désir des pionniers canadiens (à la trilogie Downes, Siemens, cormier, j’ajouterais volontiers Alexander et quelques autres, notamment Inge de Waard, qui s’intéresse depuis peu aux publics vulnérables) d’ouvrir la connaissance la plus pointue à tous les talents, sans prérequis, sans frais d’inscription, sans effort d’admission, mais pour l’instant essentiellement déclinés comme des domaines réservés, relativement élitistes. Les travailleurs sociaux ont l’habitude d’être mal aimé: tout le monde pense toujours faire mieux. L’avantage, c’est qu’ils ont pris l’habitude d’être anticonformistes: où un enseignant voit un élève « à problèmes », un éducateur verra peut-être une personne dont le  potentiel réel est occulté par des comportements induits par l’environnement. Ces navire du web que sont les MOOC peuvent alors révéler un potentiel de mise à jour des potentiels cachés par les représentations sociales, comme ils peuvent se révéler aussi des navires à rénover pour ne pas reproduire les schémas élitistes du système éducatif français. Le sujet de cet article, donc est: bon, et bien, nous autres, les bidouilleurs iconoclastes, les avatars des disciples des Piagets, Deligny, etc…..qu’est-ce qu’on fiche? On s’y colle enfin?
Des MOOC pour les étudiants Travailleurs Sociaux ou des MOOC pour les « usagers » ou «clients »  (saul Karz)? Les deux ma capitaine, répondent les engagés du social qui ne sont pas sexistes. Et alors, l’égalité des chances, elle ne va tout de même pas commencer par la ségrégation entre éducables et non éducables? Bien sûr il faudra du temps, de la patience, on a l’habitude…. bien sûr, ce sera difficile, et on ne sauve pas les gens malgré eux, bien sûr….. Mais il faut peut-être essayer, n’est-ce pas?

Points que j’évoquerai dans mes prochains articles :

Légendes tiers-mondistes mais vraies des MOOC (Indes, Mongolie….)
Connectivisme et Rhizome
Affordance
Différence
Globalisation
Multiculturalisme
Don et contre don

Innovation sociale frugale

Distance et Relation d’aide

Réseau d’échange réciproque des savoirs….

A.W. A

Punk is Dead, No Y Gen, What’s New Pussycat ?

Quelle époque…non mais, vraiment, quelle époque de dingues…

Résumons : les féministes sont désormais soit des pin-ups aux mensurations idéales (femenistes ?) …ben oui, la copine de 85 kgs peut-elle postuler ? pas sûr…Les jeunes nés au plus tard en 1980 ont un gène différent qui fait qu’ils maitrisent totalement le web, l’informatique, les tablettes et les smartphones à la naissance…si, si…c’est pas comme ces brontosaures de quadras qui n’y comprennent rien (c’est pas comme si les quadras avaient grandi avec la télé, la vidéo, les jeux vidéos, l’arrivée de l’info et du web, le numérique quoi)…on range tout le monde dans des cases statistiques rassurantes et tout va bien…le chômage des jeunes (un vrai drame) fait oublier le chômage des plus vieux, lui même dépassé par celui des séniors…le punk finit au musée (expo Europunk) et signe ainsi son vrai arrêt de mort… Le Vintage de Lui ne nous fait pas oublier que la « crise » dure depuis trente ans (bizarre une crise qui dure trente ans, non ?)

Les homos contre les hétéros, les jeunes contre les vieux, les riches contre les pauvres, les muslims contre les feujs…pendant qu’on se tape sur la gueule les gouvernements de Gôche comme de Drouate peuvent dormir tranquille, la révolution n’est pas pour demain….et pi de toutes façons elle ne sera pas télévisée…

 

Continuons comme ça, bientôt c’est le FN au pouvoir, la guerre civile, le bordel généralisé…

Bon allez, pour pas passer pour un vieux réac de base je finis sur une note positive :

« Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux  » (Alphonse Allais)

Alors rions….

 

A New York l’e-commerce descend dans les magasins – Le Figaro

See on Scoop.itVeille Commerciale, Tarifaire, Concurrentielle

A New York l’e-commerce descend dans les magasins
Le Figaro
CARNET DE VOYAGE – E-commerce et commerce coexistent dans les points de vente physique sur la 5ème Avenue: quelques exemples inspirants pour nos commerçants français.

See on www.lefigaro.fr

Créez un blog pour améliorer votre référencement – Walkcast Le référencement dans Google [2] | ConseilsMarketing.fr

See on Scoop.itActualités Web & Numérique

Nous voici dans une nouvelle série de Walkcasts consacrés au référencement dans Google, avec la Partie 2 : Créez un blog pour améliorer votre (#Marketing Créez un blog pour améliorer votre référencement – Walkcast…

Pierre AVRIL‘s insight:

Comment créer un blog pur le référencement

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Comment mesurer les résultats de son activité sur les médias sociaux ? 10 études de cas [infographie] | Cultural Studies & Web Culture

See on Scoop.itActualités Web & Numérique

Etude de cas : comment 10 entreprises ont mesuré les résultats de leur présence sur les médias sociaux. (Comment mesurer les résultats de son activité sur les médias sociaux ?

See on www.scoop.it

Dis Maman, est-ce que tout va changer ?

Le numérique est là…le social s’entend en réseaux, en médias….l’apprentissage est impacté, les regards changent

Si l’on en croit Nicholas Carr, le cerveau change aussi sous l’influence des pratiques web…

Allons-nous réussir le pari du changement ? Allons-nous aussi sortir d’une logique générations vs générations et faire du brassage un outil d’enrichissement ?

Est-ce que tout va changer ?

Les livres vont disparaître, les automates remplacer les vendeurs ou les conseillers…Le social ne sera plus que virtuel…

Est-ce si sûr ?

C’est un fait, le monde change. Et le changement est irréversible. Les questions environnementales nous obligent à modifier notre rapport aux objets…Mais il faut que la numérisation soit vertueuse : à quand les tablettes vertes ?

Allons-nous devenir idiots ? je ne crois pas

Allons-nous arrêter de lire, d’apprendre, de créer ? pas plus

Nous allons continuer…en changeant. Le changement, c’est la vie.

Le Numérique Va t’il changer le monde ?

Après l’ère des technophobes et des technophiles, nous vivons aujourd’hui celle des usagers du web, ceux  qui y sont, en font beaucoup d’usages sans pour autant penser que cela va modifier en profondeur l’état des choses.

Nous sommes loin de l’époque des pionniers, lorsque les post-hippies cybernétiques nous vendaient une intelligence collective, une communauté virtuelle mondiale au grand dam des sceptiques, convaincus que Satan lui-même était en train de prendre les clés du coffre…

Bref, nous vivons une époque numériquement RAISONNABLE

Il suffit pour s’en convaincre d’aborder un sujet comme le transhumanisme. Si il y a quelques années on sentait bien la polémique que cela pouvait susciter, on voit bien aujourd’hui une version édulcorée se mettre au grand jour, via notamment ses relais français un peu fashionistas sur les bords…

Le numérique peut il encore changer le monde ?

Après la mort du web prophétisée par Wired, le règne des applications semble s’être définitivement installé, réduisant à la portion congrue ce qu’il reste de liberté sur Internet, étendard porté par les hackers et les partisans du peer to peer, qui pour moi ont nettement plus « changé le monde » que l’arrivée de Facebook ou Twitter…

Pourquoi ? très simple, les fournisseurs de films, de mp3 et de logiciels piratés ont fait oeuvre (et continuent) de générosité, prônant la gratuité et le partage. Des valeurs pas très tendances dans un monde où le fric reste la seule valeur cardinale. Le business model des réseaux sociaux, au fond, n’est pas très nouveau, et ronronne gentiment sur le capitalisme à la papa.

C’est pourquoi la nouvelle de l’asile politique offert à Julian Assange est plutôt une bonne nouvelle : voila un homme qui représente le partage d’informations, qui peuvent mener à la peine de mort aux USA.

Bref, je suis comme beaucoup, j’attends la prochaine révolution. Viendra-t-elle du web ? Nous verrons…ce qui est pour moi sûr c’est que nous assistons à l’industrialisation des médias sociaux et donc, à une probable mort rapide du web 2.0