L’AGE MOYEN DU NUMERIQUE

Nous entrons dans un moyen âge du numérique. Après la préhistoire (de la mi-80 à 1995) puis le déploiement massif de l’Internet, l’explosion de la bulle, le techno-prophétisme (l’antiquité, les années 95-2010), nous rentrons, me semble-t-il dans un moyen âge, celui de l’explosion du Web 2.0 et des prémices du 3.0, partagé entre deux extrêmes : d’un côté une aliénation dans le sens marxiste (la surveillance généralisée, la géolocalisation, la réduction d’Internet à quelques applications, comme une « diminution de l’infini », comme si la richesse des possibles nous effrayait) et de l’autre une émancipation, qui peut se diviser en deux : 1. La fausse (les discours politiques autour de la liberté sur le net se transformant comme avec le e-G8 en un vaste programme de serrage de vis des internautes ; le pro-am qui ne reste pro-am que le temps nécessaire à devenir pro comme les autres et s’installer dans la silicon Valley ; les intentions « citoyennes » qui cachent parfois une logique économique articulée autour du profit) bref, un « cache-sexe » libéral-libertaire justifiant des lois liberticides (Hadopi, Llopsi) pour le bien de tous, évidemment. 2. La vraie : les prémices d’une démocratie participative via les réseaux qui viennent renforcer une démocratie représentative nécessaire mais fatiguée, le souci de certains chercheurs, pédagogues, militants associatifs et autres libre penseurs de faire en sorte que l’Internet soit pour tous, pour l’émancipation de tous, sans distinctions, et d’enfin envoyer paître cette fracture numérique empoisonnante. Donc un moyen âge, où plutôt un âge moyen, encore tiraillé entre les possibles, sans doute un passage obligé vers un Internet de civilisation ?

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Pierre AVRIL